du 1er au 3 janvier 2006
1er janvier 2006 : Bonne Annee!
Ca y'est, nous avons bascule dans une nouvelle annee !
Nous ne sentons neanmoins pas dans les rues de teheran la moindre excitation a ce sujet :
les Iraniens continuent de vivre en 1484 jusqu'au 21 mars, date du Nouvel An local...
Nous arpentons les rues de la capitale, a la recherche notamment de drapeaux iraniens. Mais
ce n'est pas chose facile dans une ville ou les boutiques sont classees par corporation de
metiers : impossible de trouver ce que nous cherchons parmi les articles militaires ou les
chaises de bureau. Il faut pointer la rue exacte sinon c'est peine perdue !
Nous sommes invites ce midi a dejeuner chez Shoreh, femme qui travaille comme guide pour
l'agence de voyage que nous avons visitee hier. C'est l'occasion pour nous de discuter et
d'echanger des impressions (en francais et anglais) sur le pays avec des femmes "liberees"
et tres actives. De (re)-gouter aussi aux specialites iraniennes : ghorbe sabzi (riz
accompagne d'une sauce a l'oseille et aux epinards) et confiseries de Yazd. Delicieux en
plus d'etre bien copieux!
Nous visitons l'apres-midi le musee des joyaux de la Couronne, collection des plus beaux
bijoux portes par le Shah Abbas 1er, Roi de Perse de 1587 a 1629. Les vitrines brillent de
par les milliers de pierres precieuses qui ornent parures et vaisselle d'epoque.
Nous avons decide de partir ce soir de Teheran. Nous partageons en fin de soiree patisseries
et the pour remercier Hamzeh et sa famille, avant de nous engouffrer dans le metro pour
sortir de la ville.
Le metro ici est particulier : tout neuf (rien d'etonnant encore) mais compartimente : deux
wagons sont exclusivement reserves aux femmes. Pas question donc de monter en hate dans une
rame sans y preter attention ! Il faut attendre le prochain train 10 minutes plus tard...
Nous arrivons a Varami. Proche banlieue de Teheran, nous sommes persuades d'y trouver un
hotel. Ce n'est pas l'avis d'Ali, jeune etudiant de 20 ans qui tient a nous accompagner en
taxi. Et il a raison ! Nous tournons pendant 30km, interrompons la course a maintes reprises
(y compris dans une gendarmerie!) afin de trouver un endroit pour dormir. A 21h, fatigues de
nous faire balader, la faim au ventre, nous stoppons la course a Gortchak, non loin d'une
pizzeria ou Ali est parti chercher de l'aide. Notre sauveur, Davoud, est la! 30 ans, grand
gaillard ("bodyguard" se surnommera-t-il plus tard), et un sourire jusqu'aux oreilles!
Nous recuperons nos affaires, remercions Jallal-le taxi-bien-patient et degustons une pizza
gentillement preparee par Said avant de filer chez Davoud chez qui nous passerons la nuit.
A notre arrivee, sa femme remet son voile. Son fils de 3 ans est endormi a cote du poele.
Mais c'est sans gene qu'il nous propose fruits et thes. Jusqu'a 00h30, nous bavardons, lui
d'un anglais "saccade" mais fort comprehensible. Nous comprenons alors que Davoud est un
Musulman tres conservateur, proche de ses valeurs, parfois tres agacant par ses reflexions
et manieres mais tellement intentionne a notre egard!
Nous dormons tous les trois sur un matelas dans le salon. Sa femme et son enfant dans la
piece d'a cote.
02 janvier 2006 : une journee marathon...
Le reveil est tres matinal : 5h30 le petit dejeuner est servi! Nous prenons a 6h30 le
minibus pour Varami. Sommes alors accueillis (surprise!) par la delegation au tourisme de la
ville. Avons alors droit a une visite express mais complete de Varami, ou chacun se met a
notre service. Epatant branle-bas de combat alors que nous n'avons rien demande!
L'apres midi nous debutons notre marche prevue de 4 jours dans le desert du Dasht-e-Kavir.
Malheureusement avortee le soir meme alors que nous nous apretions a entrer dans le parc
naturel de Namak. C'est en fait une zone militaire ou il faut un droit d entree delivre par
le gouvernement a Teheran !
Retour en jeep-tape-cul dans les locaux de la police du parc naturel a Varami. Les officiers
s'efforcent de nous le delivrer. Mais nous devons montrer "pattes blanches". Une fouille est
necessaire. Transfert au commissariat de la ville. Pourvu qu il ne trouve pas le GPS planque
dans le sac de Remi, appareil apparemment malvenu ici...
S'en suit une interminable attente en compagnie d'un policier austere, meprisant, nous
refusant le moindre coup de fil et visionnant 36 fois nos photos. Ah si seulement nous
comprenions et parlions le farsi!
Le seul cadeau sera pour nous une assiette de nouilles froides. Nous en revions depuis la
veille, mais pas dans ces conditions!
Nous finissons par pouvoir appeler quelqu'un, Davoud "Bodyguard". Il est 22h30. C'est
l'unique personne qui peut nous tirer de cette mouise. Chez qui nous pouvons dormir aussi.
Retour en taxi a Gortchak. Notre tete va exploser.
Davoud est la, sur un banc a nous attendre avec son sourire pendu aux levres. Re-belotte
donc. Retour chez lui. Re-the. Patisseries. Ce mec est une creme ! Couches a 00h30.
Quelle journee !
03 janvier
Reveil 5h. Et oui, Davoud embauche a 8h a Teheran, a 40 km de la ! Son rythme est infernal.
Nous avons du mal a le suivre ce matin...
Retour a Varami pour prendre la direction de Sharifabad. Oui mais comment? nous cedons aux
innombrables taxis qui rodent sur le rond-point, ne voyant pas de minibus arriver.
L'un d'eux nous emmene donc la-bas. Malchance, il y a deux villes du meme nom a 50 km
d'intervalle...
Nous craquons. Alexis pique une crise de nerf : comment voulez-vous ne pas criser alors que
nous avons pointer du doigt l'endroit desire !
Le taxi tente de se rattraper. il roule a 130 depuis 30 minutes maintenant. Est convaincu
qu'il n'a pas encore parcouru 4 km (l'essence ne coute vraiment pas cher ici...) et est
persuade que Sharifabad n'est plus loin. Nous, plus realistes, stoppons tout, epuises de se
faire balader. Rejoignons Hassanabad pour gagner en bus de luxe Kashan. Quelle deception
alors que nous avions prevu une marche de 4 jours dans le desert la veille. Quelle haine de
ne rien comprendre au farsi aussi...
Allez, une halte dans cette oasis paisible et nous reprendrons tout a zero. Il est vraiment
bon de flaner dans cette ville, que le Shah Abbas 1 a d'ailleurs elu comme lieu pour reposer
en paix. Le temps est etrangement doux. Nous nous plaisons a se balader dans les jardins
ombrages du centre-ville.
Nous passons la nuit dans l'une des musafarkhuneh, auberges bon marche qui proposent des
chambres tres propres et surtout..des douches bien chaudes!